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13 mars 2007

PS : la guerre des deux gauches

 

Par Nicolas Domenach, directeur adjoint de la rédaction de Marianne.

François Bayrou peut sourire : voilà que sa percée provoque au Parti socialiste plus qu'une divergence d'appréciation, un véritable affrontement, une guerre des deux gauches que les socialistes ont cherché jusqu'ici à étouffer. S'ouvrir ou se fermer au centre, s'allier ou le combattre, ce n'est pas seulement une question tactique qui pourrait souffrir une répartition des rôles habile, telle qu'imaginée par le fabiusien Claude Bartolone : aux gardiens du temple les marqueurs de gauche, le discours de premier tour qui vise à rassembler son camp, aux autres, aux éclaireurs et francs-tireurs le soin de préparer un rassemblement plus large pour le second tour ; Ségolène Royal réalisant à elle seule la synthèse entre ces deux positions. Ca, c'est la version rose pour bibliothèque du même nom.

En réalité, le conflit fait rage entre d'un côté Laurent Fabius, l'intransigeant, qui renvoie le centre à droite et de l'autre Dominique Strauss-Kahn, l'accommodant, qui appelle ce même centre à rompre davantage avec sa famille d'origine pour rejoindre la gauche moderne. Ces deux-là poursuivent une querelle radicale. L'ancien Premier ministre de François Mitterrand en tient et n'en démord pas pour une ligne classique qui ne souffrirait aucune entorse ; la ligne de gauche, claire, radicale, sociale qui se traduit par des alliances à gauche toute forcément. Les centristes ne peuvent être dans cette perspective que des supplétifs, des harkis forcés de se rallier par morceau, sans même qu'on ait à les payer ou contraints de rester dans leur camp, la droite. Les démocrates-chrétiens n'étant « ni à gauche ni à gauche », comme le disait Mitterrand, il ne faudrait pas compter un instant sur eux mais les dépecer, à partir d'une position de force, celle de l'union de la gauche telle qu'en elle-même l'histoire l'a forgée. Mais il ne faut surtout pas leur laisser d'espace ni d'espoir, ce que ferait Dominique Strauss-Kahn tant par sa démarche sociale-démocrate que par ses ouvertures à un centriste évolué, ce qui serait une contradiction dans les termes. Le Bayrou serait une espèce de diplodocus figé dans les glaces de l'éternité et ceux qui s'aventureraient à le décongeler s'exposeraient à perdre plus que leur âme, les élections.

Car ces inconséquents jetteraient en effet le trouble dans le camp du progrès déjà passablement désorienté par les échecs de la gauche au pouvoir et la crainte de nouvelles compromissions à venir. Inutile de vous dire que du côté de Strauss-Kahn on pense au contraire qu'il n'est de salut que dans l'ouverture et la modernité, dans l'imagination qu'il faut investir à repenser le rapport au marché, à la répartition et à la production des richesses, ainsi qu'à la justice sociale. En se redéfinissant, en se refondant comme l'ont fait ses homologues européens, les socialistes français doivent évidemment revoir leurs alliances. Car les comptes sont vite faits : les gauches toutes confondues n'arrivent pas à plus de 38 %, tout mouillé ! Il faut donc en passer par le centre et sans cette révolution c'est le centre qui passera par la gauche et plumera demain la volaille socialiste. Déjà les électeurs et les sympathisants sans attendre font mouvement vers Bayrou au nom de ce même vote utile qui avait fait les beaux jours de Ségolène Royal dans la course à l'investiture du PS.

Comment éviter demain non seulement d'assurer le succès du candidat du centre contraint et forcé au nom du front unique contre l'ennemi Sarkozy ? Et comment, si cela arrivait, et les sondages montrent que cette éventualité peut désormais se produire, comment donc ne pas aller gouverner avec lui ? En cas de refus, une forte partie des électeurs ne comprendrait pas ce sectarisme et le sanctionnerait. Mais si les dirigeants socialistes participaient à ce gouvernement d'union nationale, une forte fraction du PS s'y opposerait ainsi que les communistes et les Verts et l'extrême gauche évidemment. Mais pour les partisans de Strauss-Kahn c'est justement parce que la gauche refuse de se rénover qu'elle se retrouve aujourd'hui devant ce risque mortel. Et ces sociaux-démocrates modernistes comme les archaïques, mais pour des raisons différentes, mettent en cause Ségolène Royal, incapable selon eux de choisir une direction et de l'imposer.

La candidate socialiste est pour les uns comme pour les autres transparente, inconsistante, inexistante. On comprend que devant ces critiques, face à ces désaccords qui s'expriment de plus en plus ouvertement, Ségolène Royal ait laissé échapper son mécontentement rageur contre ces éléphants qui la piétinent, contre ces dirigeants socialistes qui ont été « incapables de faire bloc autour d'elle ». Et l'on songe à ce que Fabius avait laissé échapper un jour : « la confiance entre nous n'existe plus ». Aujourd'hui c'est encore pire, c'est la défiance qui prévaut !

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