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9 avril 2007

Greenpeace épingle les constructeurs informatiques

Depuis août dernier, Greenpeace force les principaux acteurs de l'informatique à se justifier sur leur politique environnementale. En France, on se retranche confortablement derrière la couverture collective de la directive DEEE.

Depuis août dernier, Greenpeace distribue les bons et les mauvais points aux acteurs de l'informatique, forçant les plus grands à se justifier sur leur politique environnementale. En France, le silence est de mise, et l'on se retranche confortablement derrière la couverture collective de la directive DEEE. Une attitude que dénonce Greenpeace.

On adore Apple. La marque à la pomme crée des ordinateurs au design épuré. Mais, à l'intérieur, c'est autre chose. Mac, iPod, iBook... tous les produits Apple recèlent des substances chimiques (phtalates, plomb, mercure, etc.) que d'autres constructeurs sont en train d'abandonner parce qu'elles sont dangereuses. Et, en fin de vie, ordinateurs, lecteurs MP3, téléphones mobiles échouent dans des pays en voie de développement où des travailleurs pauvres les recyclent, les désossent et s'intoxiquent. À la pointe du progrès technologique, Apple refuse d'utiliser des substances alternatives moins dangereuses pour la santé dans la fabrication de ses produits. La pomme reste empoisonnée. » Qui s'en prend de façon si véhémente à une marque pourtant réputée « très cool »? Greenpeace, soi-même !

Une pétition adressée à Steve Jobs a même été mise en ligne (http://www. greenmyapple.fr) pour faire passer le message. C'est en août 2006 que l'organisation écologique a secoué pour la première fois le landernau de l'informatique et des télécoms en publiant un classement des entreprises « écoresponsables ». Un deuxième classement est paru en décembre et un troisième devrait sortir sous peu, le temps d'affiner quelques points. « Nous essayons de créer une compétition positive entre les marques. L'idée, c'est qu'il existe une marge de manoeuvre pour éliminer un certain nombre de substances », explique Yannick Vicaire, le responsable de la campagne « Toxiques » chez Greenpeace France.

La mauvaise note d'Apple, classé quatorzième au hit-parade de la fin 2006, a forcé la société de Steve Jobs à réagir officiellement. « Nous exprimons notre désaccord avec la notation de Greenpeace et les critères qu'il a choisis. Depuis longtemps, nous avons pris des mesures en faveur de l'environnement, en restreignant ou en bannissant des substances toxiques comme le mercure, le cadmium, etc., souligne-t-on chez Apple. Nous avons totalement éliminé les moniteurs à tube cathodique, qui contiennent du plomb, de notre ligne de produits. Dans le système de notation Epeat, de l'Agence américaine de l'environnement, nous sommes parmi les mieux classés. » D'où vient une telle disparité de jugements ? C'est que Greenpeace examine le comportement des entreprises à l'échelle mondiale, explique Yannick Vicaire. « Apple a fait des choses bien aux États-Unis, qu'elle refuse d'importer en Europe », ajoute-il.

Peu d'informations sur la France

Dans les deux premiers classements publiés, c'est Nokia qui occupe le haut du podium. Pour celui de la fin 2006, les bons élèves sont Dell, numéro deux, suivi de Fujitsu Siemens, en progression de sept places, et de Motorola, qui fait une remontée spectaculaire puisqu'il était dernier du classement précédent. En revanche HP, classé sixième, perd trois places, Samsung, douzième, rétrograde de sept positions et Toshiba de trois, tandis que Apple, bon dernier, ferme le ban. Contestable ou pas, l'initiative engagée par Greenpeace a au moins le mérite de susciter une saine compétition en matière d'écoresponsabilité. « De fait, l'objectif d'une telle campagne est de peser sur l'écoconception et le mode de commercialisation des produits électroniques », confirme Yannick Vicaire.

Qu'en est-il en France ? Qui sont les bons et les mauvais élèves en matière d'environnement ? À la fin décembre 2005, le fondeur franco-italien SMT-Electronics a été distingué par le Climate Group comme étant l'une des dix meilleures entreprises de la décennie pour avoir réduit ses émissions de CO2 de moitié. Y a-t-il des sociétés émérites et d'autres qui le seraient moins ? Par ailleurs, a-t-on mesuré les effets sur l'environnement de la logistique, le matériel vendu en France venant la plupart du temps d'un autre pays d'Europe d'Asie ? Concernant la France, Greenpeace annonce « avoir achevé une grande tournée et entamé une phase de dialogue constructif avec les principaux acteurs de l'électronique ».

Pour autant, l'association se garde bien de citer de bons ou de mauvais élèves. « Nous n'avons pas d'informations particulières sur le marché français », admet Zeina Alhajj, porte-parole de Greenpeace. De leur côté, les associations de défense de l'environnement expriment unanimement leur inquiétude sur le sujet des produits informatiques. La situation est d'autant plus sombre que cinq pays, France, Grande-Bretagne, Italie, Espagne et Allemagne, produisent 80 % des déchets électroniques européens.

Il reste que la plupart des associations ne disposent pas de cellules spécialisées sur le thème de l'informatique. Et, quand c'est le cas, elles sont bien en mal de fournir des informations précises. Ainsi Sarah Martin, en charge des déchets d'équipements électroniques à l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), indique que cet organisme gouvernemental « n'a pas de suivi de ce qui se fait localement en matière d'écoconception ». Mesurer l'impact de la pollution liée au transport des matériels depuis d'autres pays est une question jugée trop spécifique pour qu'il soit possible de fournir une étude détaillée. « Nous faisons la promotion d'une pratique qui s'appelle l'écoconception afin que soient mis sur le marché des produits recyclables », indique toutefois Myriam Puaut, ingénieur en écoconception à l'Ademe. Et de mentionner des labels environnementaux dont son organisme fait la « promotion générique », comme Energy Star, TCO ou EPD, sans plus de détails. « À cette fin, nous sommes en relations avec Codde (Conception Développement Durable et Environnement), qui a mis au point un logiciel destiné à faciliter le bilan environnemental de ce type de produits » , reprend Myriam Puaut. Un porte-parole du Codde précise à ce propos: « Nous diffusons cet outil à des entreprises, et ces études restent confidentielles tant au niveau des produits qu'en ce qui concerne les fabricants. »

Quant aux constructeurs et aux importateurs, il est vain de leur demander de s'exprimer sur le sujet. Seul Maxdata a bien voulu dévoiler par la voix d'Anke Boegolz, responsable logistique France de la société, que « le coût du transport à partir d'Aix-la-Chapelle varie de 1 % à 3 % du prix du matériel, selon la quantité commandée par le client ». À quoi une porte-parole du fabricant ajoute : « Au niveau du groupe, nous sommes proches de la protection de l'environnement, mais nous n'avons pas de visibilité au niveau du transporteur. »

Pour sa part Ehlers Gerriet, qui est chargé de superviser la logistique de Fujitsu Siemens à partir d'Augsburg, en Allemagne, s'exprime franchement. « Nous ne répondrons pas en détail à vos questions car elles sont critiques pour ce qui est du marché et de nos compétiteurs. »

Même silence poli mais ferme du côté de constructeurs comme Packard Bell, filiale de Nec, qui a pourtant fermé son usine de production d'Angers, début 2005, pour sous-traiter sa production en République tchèque et en Chine. Idem chez les grossistes, qui font tous la sourde oreille. C'est ainsi : la fameuse directive DEEE a pour conséquence de noyer le poisson (lire encadré). Si l'on en croit Greenpeace, la France n'aurait pas appliqué comme il se devait les directives européennes. L'association, épaulée en cela par diverses ONG, s'emploie actuellement à faire rectifier le tir.


Une responsabilité individualisée

De ce panorama, il ressort clairement que l'informatique a encore bien du chemin à parcourir avant de se montrer réellement écoresponsable au niveau mondial. Un rapport de Greenpeace, publié l'an passé, montre des visuels qui en disent long sur la face cachée de la high tech. On y voit un jeune garçon chinois les pieds baignant dans le lit d'une rivière contaminée par les déchets électroniques d'une usine de circuits imprimés de la province de Guandong, tandis qu'en Thaïlande les eaux usées de l'usine de Bangpa-In s'écoulent directement dans le canal des eaux publiques.

Or, explique Yannick Vicaire, ce qui complique beaucoup le suivi en matière d'informatique, c'est que « le monde de l'électronique est à l'image de celui de l'automobile, avec l'assemblage d'éléments venant d'un peu partout ». Et de dénoncer « des conditions d'extraction de la silice au Brésil qui rappellent celles du charbon autrefois »... Quel pourrait être à terme le modèle à suivre dans cette industrie où la prise de conscience écologique demeure récente et parfois opportuniste ? Yannick Vicaire serait enclin à le chercher auprès du secteur de la photocopie : « Xerox a donné l'exemple il y a déjà dix ans. Il a fait en sorte que les entreprises soient des locataires de produits qu'elles prennent en charge du début jusqu'à la fin de leur cycle de vie. C'est dans cette direction qu'il faut aller », soutient-il.


Daniel Ichbiah  source Distributique, l'hebdo du business IT


 

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