Le gouvernement face au casse-tête de l'indexation des retraites
En matière de pouvoir
d'achat des retraités, le gouvernement ne veut pas revivre l'épisode du début
2008. La hausse des pensions est indexée sur la prévision d'inflation, et la loi
de 2003 impose de corriger, a posteriori, d'éventuels écarts. Sous la précédente
législature, le système a bien fonctionné, les prévisions d'inflation s'avérant
assez pertinentes. Mais, cette année, deux facteurs se sont conjugués pour
entraîner la colère des retraités. D'abord, en dépit d'une inflation
prévisionnelle de 1,6 %, le relèvement a été limité à 1,1 % au 1er janvier, la
hausse de 2007 ayant été « trop » élevée. Ensuite, l'inflation a fortement
accéléré, rendant la prévision 2008 d'ores et déjà
caduque.
« Très pénalisant
»
«
C'est vrai qu'on ajuste les pensions quand on connaît l'inflation de l'année, et
quand les prix augmentent fortement comme ça a été le cas ces derniers mois,
c'est évidemment très pénalisant pour les gens qui ont des petites retraites
», a admis François Fillon, jeudi
dernier, en promettant « un système plus
souple qui permettra d'anticiper les augmentations de prix de façon plus
régulière, de manière à ce que les retraités n'aient pas à faire la trésorerie
des caisses de retraite ».Le mode d'indexation sera au menu de la
concertation sur la réforme des retraites, à la fin du
mois.
Mais l'équation est
complexe. Le gouvernement réfléchit à une correction automatique des pensions au
1er juillet, au regard de la nouvelle prévision d'inflation. Cela induirait par
exemple, cette année, un coup de pouce substantiel. Mais un tel système
impliquerait, logiquement, une correction à la baisse dans le cas d'une faible
inflation (sauf à faire systématiquement porter l'effort sur les régimes de
retraite). Et diminuer les pensions versées ne serait pas chose aisée... Les
changements de cap à mi-année auraient aussi l'inconvénient de modifier les
équilibres financiers votés par le Parlement.
Les syndicats, quant à
eux, vont réclamer une hausse des pensions supérieure à l'inflation dans les
années à venir, ou à tout le moins, comme le suggère l'assurance-vieillesse, que les 25 meilleures années de
salaires « portées aux comptes » (qui servent à calculer la pension) soient
indexées sur l'évolution des prix augmentée de 0,9 %, afin de stabiliser le taux
de remplacement.