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20 mars 2008

Sarkozy annule tout

 

ANTOINE GUIRAL
Libération.fr

Zap ! Tout est effacé. La plainte de Nicolas Sarkozy contre le Nouvel Observateur dans l’affaire du SMS présumé envoyé à son ex-épouse Cécilia («Si tu reviens, j’annule tout») n’existe plus. Le chef de l’Etat l’a retirée. Sa nouvelle femme, Carla Bruni Sarkozy, l’a annoncé hier dans une tribune au Monde après avoir reçu une «lettre d’excuse» d’Airy Routier, le journaliste du Nouvel Obs à l’origine de l’affaire. Elle en profite au passage pour lui infliger, et plus généralement aux médias dits sérieux, une leçon de déontologie avec des arguments qui sonnent assez justes. Même si son texte a été écrit avec la bénédiction de son mari de Président et porte la patte de Catherine Pégard (ce que celle-ci dément), ex-journaliste au Point, aujourd’hui à la tête du pôle affaires politiques de l’Elysée. «Ce qui est malhonnête et inquiétant dans cet épisode, c’est qu’à aucun moment "l’information" n’a été vérifiée, recoupée, validée. […] Est-ce l’avenir des contre-pouvoirs que de cracher en l’air avant d’être rappelés à l’exigence élémentaire de probité ?»interroge la tribune signée «Carla Bruni-Sarkozy, auteur-compositeur-interprète, épouse du Président de la République».

Tartufferie. Au-delà de sa conclusion provisoire, cette affaire du SMS est à bien des égards un sommet de tartufferie où se mêlent approximation journalistique, course à l’audience sur Internet, arrière-pensées de Nicolas Sarkozy, tentative d’intimidation du pouvoir et, une fois encore, instrumentalisation de son épouse par le chef de l’Etat.

Retour sur les faits. Le 7 février Le Nouvel Observateur publie sur son site internet une «information» du journaliste Airy Routier selon laquelle Nicolas Sarkozy aurait envoyé à son ex-épouse Cécilia, huit jours avant son mariage avec Carla Bruni, un SMS promettant : «Si tu reviens, j’annule tout.» Pour l’Elysée qui cherche à mettre un terme à la dérive people du chef de l’Etat et à l’étalage de sa vie privée dans les journaux, cette publication est une aubaine. Une plainte est aussitôt déposée pour «faux, usage de faux et recel». En attaquant ainsi un journal sérieux (une première pour un Président en exercice sous la Ve République), Nicolas Sarkozy lance un avertissement et cherche à marquer les esprits. Ses conseillers sont alors formels : si ce SMS avait un début d’existence, jamais le chef de l’Etat ne prendrait le risque de la plainte en justice en vertu du bon vieux gag de l’arroseur arrosé. Emoi à la rédaction du Nouvel Observateur où sans oser se désolidariser ouvertement de leur confrère, une majorité de journalistes mettent en doute la véracité de l’info. Sa hiérarchie le soutient. Mollement certes, mais comme elle porte la responsabilité de la diffusion du SMS sur le site Internet du journal…

En terme d’audience, c’est tout bénéf pour le Nouvelobs.com : la fréquentation a explosé ce jour-là. Le buzz sur la Toile a été énorme, des milliers de pages ont été consacrés au sujet. Mais Jean Daniel, directeur du journal, juge tout cela indigne : le 13 février, il publie une tribune intitulée : «Une erreur ? Oui». Sans ambiguïté, il assure : «nous avons eu tort» de publier l’article d’Airy Routier.

Compromis. Le 21 février, le journaliste est entendu par la police judiciaire comme témoin assisté. Il reconnaît ne pas avoir vu le texto dont il a fait état et admet avoir «fait confiance à des sources verbales et fiables». Le 7 mars, Cécilia ex-Sarkozy est aussi auditionnée par les policiers et affirme n’avoir jamais reçu ce SMS.

Fin d’une affaire qui se réglera donc au tribunal ? Non. Selon plusieurs sources internes à l’Obs, l’Elysée cherchait une voie de sortie par crainte d’un non-lieu. Catherine Pégard a joué les intermédiaires avec la direction de l’hebdomadaire pour trouver un compromis. L’Elysée dit ne pas avoir cherché d’arrangement, persuadé que la plainte présidentielle aurait débouché sur une condamnation du Nouvel Observateur. Qu’importe. Le 11 mars, le journaliste Airy Routier rédige de sa «propre initiative», une lettre à Carla Bruni dans laquelle il lui présente ses «excuses» pour l’avoir «blessée». Pourquoi un tel geste ? Pourquoi à elle et non à Cécilia ou à Nicolas Sarkozy ? «Par élégance», répond Routier qui confiait aussi hier «ne rien regretter» et se disait de «plus en plus sûr que ce SMS est totalement véridique». Et d’ajouter : «Petite affaire, grosses emmerdes.» Embarras aussi du côté de la direction de la rédaction de l’Obs, qui assure «que la source paraît solide» mais qu’une «erreur sur la datation du SMS est possible». Nicolas Sarkozy peut se frotter les mains.

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