Sarkozy, Guaino, Dieu
Le ventriloque Guaino joue, au travers de sa marionnette aux lèvres toujours en mouvement, avec l’irréversible. L’orgueil démesuré, le péché d’Ubris ne l’arrêtant pas pour si peu, il veut voler le feu aux dieux et fera finir la France comme Prométhée, le foie renaissant chaque jour, puis dévoré chaque jour par un aigle, Prométhée enchaîné au rocher des paroles hérétiques qu’il n’aura cessé de faire prononcer à Sarkozy, descendant de Zeus sur terre. Le 14 janvier dernier, à Riyad, notre omniscient a lancé cette phrase terrible: «Dieu qui n’asservit pas l’homme mais qui le libère, Dieu qui est le rempart contre l’orgueil démesuré et la folie des hommes.»
Sarkozy quitte la terre. Le concret, le pouvoir d’achat :
la page est tournée. On navigue entre terre et ciel, entre philosophie
et déification. Sarkozy a raillé Joffrin, tout à son inculture
historique et linguistique, confondant monarchie et royauté
héréditaire, va finir sur le trône d’un roi d’essence divine.
Sarkozy
est l’Icare aux ailes de cire enduite par Guaino.
Que peut-on être autre qu’atterré à ce genre de phrase. Tout laïc un
peu sage, sans être révolutionnaire, tout croyant tranquille et
républicain, n’avait pu qu’être un peu inquiet en apprenant les
génuflexions orales de notre illuminé guide devant le pape.
Ce Nicolas
(petit aurait écrit Sempé), tout orgueil dehors et sans sentir la
démesure de ses paroles, se comparant aux catholiques sacrifiés, ceux
des fosses aux lions, ceux lapidés, ceux percés de flèches et celui
cloué sur la croix, à cause de ses sacrifices pour accéder au pouvoir,
a alors parlé de nos racines chrétiennes.
Voilà que devant les rigides
coraniques d’Arabie saoudite où l’on coupe encore des têtes en place de
Grève, les mains qui traînent et où l’on condamne, la justice condamne,
les femmes violées à recevoir des coups de bâtons ou à être fouettées.
Guaino transforme notre fou d’orgueil en fou de Dieu comme l’écrit Marianne.
Etrangement la presse est peu disserte et la polémique semble
s’étouffer. Sai lui montre le
Soleil comme si celui-ci était sa destinée. Sarkozy a quitté le sol de
la France et navigue là-haut vers ce qu’il croit être, le soleil de
l’humanité. On en connaît à l’avance le destin, mais ce sont les ailes
de la France qui brûlent avec lui.
L’orgueil des hommes
qu’il fustige à Riyad est le sien, mais en croissance géométrique. Nous
lançant la civilisation comme d’autres disent qu’ils vont acheter une
baguette.
Dans un monde où l’économie façonne une partie de notre vie,
où l’Europe nous contraint par des lois supranationales, où internet,
les technologies bouleverse notre monde, notre guide en trois coups de
cuillère à pot va nous créer une nouvelle civilisation aux accents
chrétiens quand dans sa vie c’est Bollywood et Ray Ban.
Qui sont les
hommes qui ont fait des civilisations ? L’Empereur Constantin,
Charlemagne, François Ier, Henri IV, Hitler, Mao, Staline et sa bande.
Ceci est loin d’être exhaustif et n’oubliez pas tous les philosophes
dont les pensées ont laissé des sillons profonds.
Mais dans ce monde où
la France n’est qu’1 % de la population mondiale, où sa force politique
décline, où les forces technologiques, économiques, populationnelles
nous dépassent à 1 000 coudées, notre demi-roi nous parle de
civilisation. Il franchit le Rubicon qui sépare encore l’orgueil
démesuré de la démesure de l’orgueil. Il y avait des rois anglais
papistes, il y a un empereur républicain qui est déiste.
Voilà ce que
la chimère Sarkozy-Guaino nous dit nous proposant de choisir : « Dieu
qui n’asservit pas l’homme, mais qui le libère, Dieu qui est le rempart
contre l’orgueil démesuré et la folie des hommes. » Les agnostiques
disent que que Dieu existe ou non, nous n’en aurons jamais la preuve et
qu’il est stupide de se poser la question. Ils ne nient pas Dieu, mais
nie la possibilité d’en vérifier l’existence. Les croyants le
certifient et les non-croyants pensent que ce concept est
l’asservissement de l’homme.
Ainsi Sarkozy en défendant d’une part la
laïcité et Dieu commet-il un oxymore, puisque la laïcité comprenant des
incroyants il donne une suprématie au Dieu des croyants sur
l’incroyance et parle de l’asservisseur pour les non-croyants comme du
libérateur. Sarkozy commet l’irréparable erreur de favoriser la foi à
son détriment.
Et pourtant, je suis de ceux qui espèrent qu’il y aurait
quelque être ailleurs qui donnerait un sens qui s’ajouterait à celui de
donner la vie, mais en faisant la distinction entre cette croyance qui
m’est personnelle et qui est bien à l’étroit dans une religion et qui
ne concerne en rien l’Etat ou la République, et de rendre Dieu
coresponsable de la politique. Cette phrase de Guaino est inepte
philosophiquement parlant et dangereuse pour la paix. Elle est inepte
car Dieu est Dieu, il n’est pas anthropomorphe.
Sarkozy décide de
choisir Dieu. Il le définit, lui donne des qualités. Il confond
parfaitement la religion et Dieu. Dieu est indicible par définition. Du
fait de donner un choix entre différents dieux, ou entre différents
caractères du même Dieu, il détruit sans le savoir l’unicité du Dieu
des monothéistes. En donnant des bons points, il se place au-dessus de
Dieu. Cette déclaration est extraordinairement dangereuse car elle
place Dieu au milieu de la politique et du destin des hommes, elle
supprime le droit au libre arbitre puisque Dieu, selon lui, est
supérieur aux hommes, Dieu seul et non la sagesse des hommes
empêcherait la folie des hommes. Seul Dieu serait le rempart.
Celle-ci
rejoint l’autre facette, celle de la prédestination des malades et des
criminels qu’il défendait en débat avec Onfray. Avec Sarkozy, l’homme
est pris entre sa prédestination et Dieu. Et nous alors, et notre
liberté de penser et d’agir, et tous ces hommes qui se battent pour la
paix où ces sages qui cherchent le bonheur des autres ? Rien le néant.
Naissez vous êtes condamnés, vivez et vous êtes sauvés par Dieu.
Guaino
est un être extraordinairement néfaste. Il confond l’alignement de
formules avec la réflexion ou alors, si ce n’est pas le cas, c’est
pire. Ses phrases n’ont pas de sens humaniste, mais sont des réponses
ponctuelles à des idées électoralistes. Et si cela était efficace,
puisque nous sommes dans la religiosité, je me mets à genou devant la
Madone di Poitou et je lui glisse tout bas : priez pour nous..
IMHODEP