OGM : José Bové dénonce la "trahison de l’esprit du Grenelle"
Alors que les députés examinent mardi le projet de loi sur les organismes génétiquement modifiés, José Bové dénonce, sur LEXPRESS.fr, un "texte scélérat" qui met "pollueur et pollué sur le même plan".
osé Bové se dit très inquiet quant au projet de loi sur les OGM débattu
aujourd’hui à l’Assemblée nationale. Selon le syndicaliste paysan, ce
texte trahit le principe même qui était à l’œuvre dans les accords de
Grenelle, à savoir la reconnaissance du "droit de produire et de
consommer sans OGM". Avec ce projet de loi, estime l'ancien candidat à
la présidentielle, c’est l’inverse qui prévaut, à savoir une " loi de
contamination généralisée ".
Un texte controversé
Le
leader altermondialiste considère que ce texte met "le pollueur et le
pollué sur le même plan ". En conformité avec la directive européenne
qu'il transpose, le projet de loi prévoit que la victime d'une
pollution génétique ne peut prétendre à dédommagement que si sa
production est contaminée au delà du "seuil de contamination toléré",
fixé à 0,9%. "On reconnaît une pollution génétique par principe, sans
se soucier du principe de précaution", s'insurge José Bové.
Ce projet de loi ne prend selon lui à aucun moment en
compte la très majoritaire opposition des citoyens à la culture et à la
consommation des OGM. Il est dès lors d’autant plus choquant que le
Haut conseil des biotechnologies soit uniquement composé de
scientifiques et qu’il n’y ait pas de représentants de la société
civile. "La pluralité des positions doit pouvoir s’exprimer", martèle
José Bové.
En ce qui concerne les réticences exprimées dans le Figaro par Jean Louis Borloo
à propos des amendements apportés au texte, le leader altermondialiste
espère qu'elles seront entendues et que l’esprit de Grenelle sera
maintenu.
"Je suis très sceptique, compte tenu notamment de l’attitude du
président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer, qui dit, sans le
dire, qu’il est favorable aux OGM. La logique des lobbies prédomine à
l’intérieur de l’UMP", regrette le syndicaliste paysan.
Le texte adopté en première lecture par le Sénat crée également un
délit spécifique de "fauchage" qui prévoit deux ans de prison et une
peine de 75 000 euros d'amende, en cas de destruction d'une parcelle de
culture transgénique. Greenpeace considère que cet amendement est
"très vicieux". Jusqu'ici la justice ne faisait pas de distinction
pénale entre la destruction d'une culture conventionelle et d'une
culture d'OGM, et retenait le délit de "destruction en réunion",
passible de cinq ans En apparence, le nouvel amendement serait donc
plus clément. "Cette mesure est grotesque, ça me fait franchement
rire", avoue d'ailleurs José Bové, déjà condamné pour de tels faits.
Mais selon Greenpeace, il s'agit d'une clémence en trompe-l'oeil: les
peines de prison n'étaient pas assez dissuasives alors que les
sanctions financières, jugées plus efficaces, vont considérablement
augmenter. De quoi décourager les apprentis faucheurs.Si le texte devait passer en deuxième lecture, José Bové prévient
qu’il ne "sera pas de nature à arrêter la désobéissance civile. Il
faut garantir une véritable protection de l’agriculture et de la
consommation."
Propos recueillis par Leïla Slimani