La flamme à Paris :«On a été dépassé par la détermination des manifestants»
La «bulle» de sécurité qui entourait la flamme olympique, réfugiée dans le bus, lundi à Paris. (Photo Reuters)
Pourquoi la police a-t-elle confisqué les drapeaux tibétains pendant le passage de la flamme dans les rues de Paris? La réponse d’Henri Martini, secrétaire général de l’UNSA-Police.
Propos recueillis par Alexis Danjon
LIBERATION.FRAu lendemain du passage de la flamme olympique à Paris, une question concernant l’attitude de la police pendant la manifestation est sur toutes les lèvres: pourquoi a-t-elle confisqué les drapeaux tibétains au long du parcours? Réponse d’Henri Martini, secrétaire général de l’UNSA-Police.
Pendant le passage de la flamme à Paris, des policiers confisquaient les drapeaux aux manifestants pro-Tibet. Est-ce légal?
Ils étaient dans leur droit. Si les policiers l’ont fait, c’est par
prévention, pour éviter tout débordement. Je m’explique: les drapeaux,
avec leur hampe, peuvent être des armes. Pour les tenir, il y a des
morceaux de bois, et quand les rassemblements dérapent, il arrive que
les manifestants s’en servent contre les forces de l’ordre. C’est ce
que l’on appelle une arme par destination.
Les policiers ont-ils reçu des consignes spécifiques pour agir ainsi?
Les
consignes ont été les mêmes qu’à chaque manifestation de ce type: faire
en sorte d’éviter tout débordement. Il est vrai que dans ce cas précis,
c’était plus compliqué. Il fallait protéger un objet, la flamme
olympique, de la même manière qu’un chef d’Etat, mais aussi faire en
sorte que le public puisse profiter de cette manifestation universelle
en voyant la flamme. Tout en évitant que des manifestants l’éteignent
ou s’en emparent. L’autre grosse difficulté de la journée, c’est que la
police n’avait pas la main mise sur toute l’organisation de la journée.
Il fallait respecter les demandes de la délégation chinoise, ce qui a
rajouté une pression supplémentaire. Ce sont d’ailleurs eux qui ont
décidé d’abréger le parcours et d’arrêter les relayeurs.
Comment expliquer alors l’attitude des forces de l’ordre pendant le passage de la flamme?
Il faut être sur le terrain pour appréhender le contexte d’une
manifestation. Il ne faut pas qu’il y ait de surenchère, ni des
policiers, ni des manifestants, pour la situation ne dégénère pas.
Hier, on est toujours resté à la limite. On savait ce qui nous
attendait, vu la longueur du parcours et le contexte dans lequel se
déroulait cette journée. Mais on a été dépassé par l’ampleur de la
détermination des manifestants.