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22 novembre 2007

Pourquoi la grève, au fait ?

Alors que les négociations devraient commencer dans peu de temps entre les délégations syndicales et le gouvernement, une question reste toujours sans réponse: pourquoi avons-nous subi une semaine de conflits sociaux? Pour la réforme des retraites? Des régimes spéciaux? Pour le pouvoir d’achat? Pour quoi réellement, en fait? Alors qu’il y a tellement de choses à l’heure actuelle qui mériteraient que nous descendions dans la rue, les usagers des transports en commun se sont sentis pris "en otage", car ils ont eu le sentiment que cette grève était injustifiée. Et si finalement cette grève était une bonne chose pour notre gouvernement, qui récupère l’opinion publique de son côté tout en réformant en douce des sujets bien plus délicats que ces régimes spéciaux ?

     Je dois vous avouer tout d’abord que cette grève a mêlé en moi des sentiments paradoxaux : à la fois partisan d’une réforme d’ensemble des régimes spéciaux, j’étais solidaire des usagers des transports en commun et des conducteurs automobiles coincés sur les quais et sur les routes. Bien que je ne travaille pas actuellement, j’ai en mémoire les grèves de 2003, où j’ai comme tout le monde subi les avaries et les absences de train. Cependant, d’un autre côté, je reste aussi solidaire des fonctionnaires de tous genres, qui sont la dernière espèce de travailleurs encore en France à se battre. S’ils ne pouvaient plus s’exprimer, je pense que les réformes dont rêvent tous les hommes politiques de droite (ou presque) seraient toutes mises en application, transformant la France en satellite des Etats-Unis. Profitant de ce "luxe" (en tout cas, c’en est un aujourd’hui) de leur protection d’emploi, les fonctionnaires rappellent au pouvoir en place qu’il existe encore des gens opposés à ce qu’on ose encore appeler "réformes", alors qu’il s’agit pour la plupart de sacrifices demandés au peuple français, sans contreparties.

Or, cette fois-ci, j’ai remarqué, par le biais des médias en tous genres, qu’on a parlé du mécontentement des usagers (jusque-là, rien que de très normal), mais qu’on n’a JAMAIS finalement entendu clairement les positions des syndicats. Comme si, tout compte fait, ils avaient déjà tort de faire grève, puisque une majorité des Français sont pour une réforme (conception un peu dangereuse, puisque si on avait écouté les Français en 44, nous serions encore Allemands, ou en 1981, nous aurions encore la peine de mort, enfin passons...).

Autant en 1995 et 2003, une majorité de Français soutenait les manifestants (à tort ou à raison), autant, en cette fin d’année 2007, plus de solidarité ! Mais peut-être n’entendent-ils qu’un seul discours, et ce n’est pas tellement leur faute, vu qu’un seul discours est envoyé, celui d’un gouvernement qui dit qu’il ne faut pas céder, que les grévistes sont des "preneurs d’otages" (je rappelle que la séquestration est un crime passible d’un jugement en Cour d’assise et passible d’une peine maximale de 10 années de prison, alors qu’attendent-ils pour les faire juger ?) et que la réforme est nécessaire. Cela est discutable, mais on peut comprendre à la rigueur le point de vue de François Fillon et de son gouvernement. Ce qui est déjà plus ambigu dans leurs propos, c’est que finalement on comprend que les syndicats sont en majorité prêts à réformer les régimes spéciaux, mais pas à n’importe quel prix. On veut bien sacrifier ses avantages, mais en échange, nous voulons d’autres garanties. Or, comment la majorité traduit-elle cela ? "Ces gauchistes ne veulent pas que nous réformions". Enfin, c’est de bonne guerre, oserais-je dire, si ce discours ne devenait pas le dominant, celui que la majorité des Français entend et répète en choeur, notamment sur les quais de gare et de métro. En effet, je ne sais pas si vous avez posé ne serait-ce qu’une oreille sur les témoignages d’usagers excédés (et il y en a eu depuis une semaine), mais une grande partie de ce qu’on entend n’est que poncifs et lieux communs, phrases toutes faites empruntées de discours entendus depuis des lustres chez nos hommes politiques (de droite principalement). Et pourtant notre pays est loin d’être aujourd’hui le pays qui a le plus de grèves à l’année (les Anglais, les Allemands et même les Américains nous battent à plate couture à ce petit jeu, malgré les idées reçues). A croire que les utilisateurs de train et de métro sont devenus des robots...

Donc nous avons d’un côté un gouvernement prêt à ne rien concéder, de l’autre des syndicats qui se lancent dans ce qui ressemble à un chant du cygne et de l’autre des Français, de plus en plus excédés, mais aussi de plus en plus formatés au discours ambiant, celui de ce "ras-le-bol’ généralisé de ces gens qui ne veulent pas être nivelés par le bas comme tout le monde.

Car que se cache-t-il derrière ces grèves ? Je suis surpris que personne dans le camp des syndicats n’ait encore osé aborder qu’un seul corps de fonctionnaires ne verra pas ses régimes spéciaux réformés, puisque les députés et élus continueront à profiter d’un niveau très avantageux de retraite (en gros, un élu cotise double pendant la période de son mandat). Proposé soi-disant pour pallier la "précarité" du statut d’élu, ce régime spécial n’a jamais pris en compte le fait qu’on pouvait se faire élire indéfiniment (demandez à Didier Julia, élu sans discontinuer élu de Seine-et-Marne depuis 1968...). Et ce n’est pas l’opposition qui lèvera la voix ! Après tout, eux aussi profitent de ce système bien plus avantageux que le régime des cheminots...

Je suis surpris aussi qu’aucun leader syndical ou politique n’ait demandé à ce que tout le monde fasse un effort pour l’intérêt général, dans cette période de crise et, paraît-il, de faillite. En gros, personne n’a osé répliquer publiquement et clairement qu’il était scandaleux que le président de la République s’octroie par voie législative une hausse de salaire (entre 150 et 200 % selon les estimations) et une hausse du budget de l’Elysée qui s’approche des + 30 %, alors que ce dernier s’était présenté comme le "président du petit peuple et des petites gens" et qu’il demande des efforts aux autres. Et qui a évoqué, à part Jean-Jérôme Bertolus sur i-Télé cette semaine (gonflé d’aborder ça en temps de grève d’ailleurs !), le fait que le "paquet fiscal"de 15 milliards d’euros voté à la rentrée législative 2007 a déjà coûté 0,5 point de croissance à la France, comparé aux 0,1 point qu’aura coûté cette semaine de grève ("catastrophique" pourtant, selon les mots de Laurence Parisot) ?

Bref, si cette grève est totalement injustifiée dans la mesure où elle est à la fois impopulaire et inutile (les syndicats sont pour une réforme), les manifestants se battent un peu contre des moulins à vent. Et pendant ce temps, ils sont devenus eux-mêmes l’arbre qui cache la forêt qui nous attend après les municipales, notamment sur l’évolution constitutionnelle du président, qui va renforcer son pouvoir plus que celui du président des Etats-Unis, et sur d’éventuelles réformes plus importantes et plus lourdes de conséquence pour la France (je pense notamment à la fermeture d’une soixantaine de Prud’homes, ce qui va accentuer les difficultés de s’opposer à des licenciements abusifs).

On sent que la partie est décidément perdue pour les opposants au gouvernement, malgré les nombreuses raisons qu’il y a de se battre dans notre pays, et la propagande a fait son effet sur les esprits français. Loin de moi l’idée de penser qu’il n’y ait rien à faire dans notre pays (bien au contraire), mais il faut bien avouer que le projet qu’on nous annonce pour les années à venir n’a rien à voir avec le "ensemble, tout devient possible" de la campagne présidentielle. Ca ressemble plutôt à un "chacun pour soi, de toute façon, c’est moi qui commande". Et c’est bien dommage pour notre pays...
reaper95

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