Sarkozy a-t-il, oui ou non, parlé des droits de l'Homme avec Kadhafi ?
L'Elysée soutient que oui, comme l'avait déclaré le président français hier, alors que le dirigeant libyen affirme ne pas avoir "évoqué (...) ces sujets".
Nicolas Sarkozy accueille Mouammar Kadhafi pour le dîner officiel à l'Elysée (Sipa)
Dans un entretien à France 2 dont un extrait a été diffusé mardi 11 décembre à la mi-journée, Mouammar Kadhafi affirme ne pas avoir évoqué le sujet des droits de l'Homme avec Nicolas Sarkozy, contredisant ainsi les propos du président français. Claude Guéant a immédiatement réagi assurant que Nicolas Sarkozy a bien "parlé des droits de l'Homme" au colonel.
"Nous sommes des amis assez proches"
A la question de David Pujadas sur le fait que Nicolas Sarkozy lui a
demandé de "progresser sur le sujet des droits de l'Homme", le leader
libyen répond: "Tout d'abord nous n'avons pas évoqué moi et le
président Sarkozy ces sujets".
"Nous sommes des amis assez proches, nous coopérons", ajoute-il, selon la traduction de la chaîne.
"Nous avons évoqué les questions de coopération entre les deux pays,
nous avons évoqué tous ces contrats dans tous les domaines dans
l'intérêt des deux pays, la coopération euro-africaine, l'Union
méditerranéenne, l'idée proposée par le président Sarkozy, et la
coopération des deux côtés de la Méditerranée", dit encore Mouammar
Kadhafi.
Habillé d'une veste sombre, un écusson vert du continent africain à
hauteur du coeur, le leader libyen a reçu France 2 sous sa tente
bédouine dressée dans le jardin de l'hôtel Marigny, la résidence
officielle où il réside durant sa visite de cinq jours.
L'interview devait être diffusée dans le journal du soir de la chaîne publique.
Lundi, le leader libyen était arrivé dans la cour de l'Elysée à bord
d'une limousine blanche, vêtu d'une toge ocre et coiffé d'une toque
noire, il avait passé en revue le détachement de la Garde républicaine
qui lui rendait les honneurs avant d'être accueilli au pied du perron
par Nicolas Sarkozy.
Le séjour du dirigeant libyen en France a provoqué un flot de critiques
et provoqué des remous au sein-même du gouvernement, après les propos
très critiques de la secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme Rama Yade.
Celle-ci a indiqué qu'elle ne démissionnerait pas du gouvernement.
Interrogée sur Europe 1 pour savoir si elle avait envisagé de
démissionner, elle a répondu: "On ne déserte pas en rase campagne,
surtout quand on est engagé au côté d'un homme qui vous a promue à 30
ans secrétaire d'Etat d'un gouvernement, surtout quand on est auprès
d'un homme qui est devenu président, après l'avoir soutenu en tant que
candidat pendant des mois, si ce n'est des années".
"Ce que je voudrais c'est que ma position ne soit ni résumée, ni
caricaturée", a-t-elle aussi déclaré après avoir été reçue dans la
matinée au palais de l'Elysée.
Dans Le Parisien paru lundi, Rama Yade a déclaré qu'elle ne partageait
pas "l'indignation automatique de ceux qui excluent tout dialogue avec
la Libye". "Mais je ne peux pas dire non plus que je suis heureuse de
cette visite".