Johnny Halliday - Trous de mémoire
«Est-ce que nous sommes obligés de financer les
incompétences de ceux qui nous dirigent? Ma réponse est non», s’est
indigné Johnny Halliday dans Paris-Match, en guise de justification à
son départ (fiscal) en Suisse. Il a cependant évité de poser une autre
question: est-ce que les finances publiques sont obligées de
subventionner, entre autres, Johnny? Parce que là, il aurait dû faire
appel à sa mémoire et à son comptable.
Alors, puisqu’il a la mémoire qui flanche, un avocat rappelait
récemment, dans Le Monde, comment en 2003, lors de sa «tournée des
stades», le chanteur avait récupéré plus de 7millions d’euros payés par
les 21 villes françaises où il avait fait étape. Comme pour le Tour de
France où les villes-étapes doivent cracher au bassinet pour accueillir
le peloton, les collectivités territoriales avaient été mises à
contribution par la tournée du rocker. Sauf que là, à la différence du
Tour où le spectacle est ensuite gratuit, les spectateurs avaient dû
aussi payer pour voir Johnny.
Faire coup double, c’est à ça qu’on reconnaît l’artiste. Ou
plutôt l’homme d’affaires. Mais, sur ce terrain, Johnny reste malgré
tout une petite pointure. En tout cas, quand on le compare aux rois de
la banque, de l’industrie et des affaires qui, tout en touchant chaque
année des milliards de subventions en France, sont nombreux à s’être
domiciliés dans des paradis fiscaux. Et cela, sans que la grande presse
en fasse des gorges chaudes. Les feux de la rampe, c’est bon pour les
bateleurs et les parvenus. Ceux qui dirigent l’économie, eux, préfèrent
l’ombre: leurs énormes fortunes s’y épanouissent d’autant mieux.
P. L.